Homélie mardi 11 décembre 2018

Mardi de la 2ème semaine de l’Avent ​​​

Carmel St Joseph (Bruxelles)

Is 40,1-11 / Ps 95 (96) / Mt 18,12-14

 

Je ne vous cacherai pas que j’aime particulièrement ces textes de ce jour, et que chaque année il y a en moi ce que j’ai envie d’appeler une sorte de joie liturgique à les entendre et notamment à laisser résonner en moi cet appel du Seigneur par la bouche du prophète Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple »

Je me souviens notamment d’avoir été très touché par ces mots lors d’une homélie il y a plus de 15 ans, j’étais au séminaire. Cet appel du Seigneur avait dû me rejoindre tout particulièrement au cœur de questions que je devais me poser, je ne sais plus trop, mais cette homélie commençait en reprenant ces mots et ils avaient pris résonnance particulière au point qu’il y a comme une émotion qui est réveillée en moi chaque année. J’y avais entendu alors – et c’est ce qui me revient à chaque fois – un appel qui nous est fait à vivre au nom de notre baptême un ministère de consolation, un ministère de consolation au nom du Seigneur, au nom du Seigneur qui vient, le Seigneur qui est bien ce berger dont parle la suite de notre lecture tout comme l’évangile de ce jour. Un double appel du coup à la consolation et à prendre soin.

Et puis cette parole d’Isaïe fait remonter aussi en moi d’autres mots qui sont tirés d’une hymne du bréviaire qui s’intitule « Nul n’est disciple ». On y chante notamment : « Nul ne console à moins d’avoir souffert… Nul n’est tendresse à moins d’être blessé, nul ne pardonne s’il n’a vu sa faiblesse »… Pour consoler, pour consoler au nom du Seigneur, il nous faut avoir fait nous-même l’expérience d’avoir été consolé, de nous être laissé consoler par le Seigneur, le Seigneur qui vient dans telle rencontre ou tel événement, par telle personne, dans telle situation où nous avons été écouté, relevé ou remis en route.

Et je pensais ce matin à l’année de la miséricorde que nous a offert le pape François, et qui a été, je crois, une grâce pour toute l’Eglise et en tout cas pour mon chemin spirituel, cette année de la miséricorde où il nous a été donné de redécouvrir combien la miséricorde c’est cet amour de Dieu qui prend soin, et même cet amour de Dieu qui console, justement, qui pardonne et qui donne l’espérance. C’était les mots mêmes du pape François à la fin de la bulle d’annonce de cette année jubilaire : la miséricorde c’est « l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance ». Des mots que je rapproche de l’appel de Jésus dans l’évangile de Luc : « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux ».

Devenir « miséricordieux comme le Père est miséricordieux ». Consoler comme nous aurons été consolés, apprendre à pardonner comme nous sommes pardonnés, retrouver ainsi et redonner ainsi goût d’espérance au cœur de ce que chacun doit traverser. C’est là, c’est comme cela que le Seigneur peut agir dans nos vies, lui que nous voyons dans l’Evangile prendre soin comme le Samaritain sur la route de Jéricho, lui qui prend aussi le temps de rejoindre, de cheminer, d’écouter, de se donner à voir, comme avec les pèlerins d’Emmaüs qui passent alors de la désespérance à la joie de l’annonce…

Peut-être que nous pouvons ce soir nous demander chacun quels sont-ils ces visages ou plutôt ces frères et sœurs qui ont pris visage de salut dans notre histoire et qui nous ont permis un jour, peut-être, de nous relever, de nous remettre en route, d’être consolés ou de vivre des chemins de pardon et de réconciliation ; nous demander qui ils sont, donc, et rendre grâce pour Dieu qui à est venu, qui nous a rejoint.

A leur suite le prophète nous dit aujourd’hui : « Vous aussi, chacun, « Consolez, consolez mon peuple », et ainsi il peut continuer à venir, le Seigneur, il va pouvoir se rendre présent, rejoindre les plus pauvres et les malades, les petits, et être annoncé. »

Parfois nous avons l’impression et nous faisons l’expérience que la vie est desséchante, étonnante d’épreuves, et parfois nous aurons aussi l’impression que la Parole de Dieu entendue ou reçue dans ces expériences de consolation et de salut est décapante, tel un émondage ou telle l’herbe qui se dessèche dont parlait Isaïe, mais le Seigneur nous promet que là il est à l’œuvre, que là son salut est puissance de vie, malgré les apparences ; il nous promet qu’il se tient à nos côtés et plus encore qu’il nous porte sur son cœur comme ce berger qui part à notre rencontre et même à notre recherche.

Pour le redire autrement – et je terminerai par là –, l’appel, il est à nous laisser rejoindre, à nous laisser consoler et à nous laisser ramener de nos éloignements ; il est à nous laisser guérir de nos blessures, de nos peurs ou de nos manques de confiance, et de notre péché. C’est là que le Seigneur vient, au cœur de cela, pour que nous puissions aller comme lui à la rencontre, y aller en son nom. Amen.

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