Simple comme Sylvain

Simple comme Sylvain

Voilà un film qui me laisse surpris et songeur... J’avoue que je ne m’attendais pas forcément à cela. Et je ne saurais dire si j’ai aimé ou si je suis un peu déçu par rapport à ce à quoi j’aurais pu m'attendre, je ne sais. 

D’abord, disons-le, c’est frais : ce p’tit accent québécois, ce qui semble être aussi une belle histoire d’amour. C’est frais, donc, par certains côtés, et en même c’est grave, ce club d’amis qui philosophe sur l’éco-anxiété, l’autodestruction de la planète et de l’humanité par l’homme lui-même... ça en serait presque plombant ! Mais là l’amour arrive, ou plutôt une passion qui fait monter en soi un appel de la vie tellement puissant qu’il serait presqu’un leurre, pour nous, et peut-être pour eux !?

Notre héroïne, Sophia, prof de philo qui nous parle de l’amour chez Platon, Schopenhauer, Spinoza ou Jankélévitch, et qui vit avec Xavier depuis 10 ans – qui lui est conférencier, visiblement sur des questions liées à la crise climatique –, notre héroïne, donc, tombe tout à coup amoureuse de Sylvain, un artisan, charpentier, qui doit faire des travaux chez eux. Lui, la culture c’est Sardou, et ce qu’il aime c’est boire avec ses potes, passer d’une fille à l’autre, c’est encore la nature et c’est bricoler. Et voilà qu’il tombe fou amoureux de Sophia. Il l’aime, et pour lui c’est simple, ils n’ont qu’à s’aimer. Mais est-ce si simple, justement, est-ce possible quand on est de mondes si différents ?

Elle va se sentir tellement vivante, autrement, avec lui. Elle qui parle à ses étudiants d’amour, de désir, de manque. Et c’est bien ces notions que nous rencontrons avec elle. Avec cette question qui s’impose alors à nous et à eux tous : qu’est-ce qu’aimer ? La passion parfois destructrice et violente, la douce présence à l’autre jusqu’au bout, la cohabitation tendre et le partage d’idéaux commun ? Qu’est-ce qu’aimer ? Et qu’aura-t-elle appris, au final, de cette histoire avec Sylvain ?

Le film, en son rendu, est surprenant. Il a un p’tit côté rétro ou vieillot, et un peu effet théâtre. Il y a des moments drôles qui font du bien et d’autres qui traînent par contre un peu en longueur – les scènes d’amour notamment, qui auraient pu être plus suggérées qu’ainsi montrées. Parfois ça peut sembler ci ou là un peu caricatural... Et les séances où Sophia donnent cours sont vraiment intéressantes mais c’est un peu rapide, telle une ponctuation philosophique de ce qui se joue pour elle, on voudrait presqu’y revenir, entendre mieux ce qui là se dit chez tel ou tel auteur... Surprenant... et pas mal vu en fait... En tout cas bien filmé, et qui, pour une part, est l’air de rien une p'tite réflexion philosophique sur l’amour par la biais de ces questions de désir, de passion, de manque et de vie qui nous traverse. Mais ça donne quelque chose d'un peu surprenant...

Ce film est signé Monia Chokri. Je ne sais si le titre serait sa réponse à la question de savoir qu’est-ce qu’aimer... Pour ma part je me demande si ma réponse à moi n’est pas plutôt dans la figure de ce vieux couple que sont les parents de Xavier...

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