Sans jamais nous connaître

Sans jamais nous connaître

J’avais hésité, mais je ne regrette pas. C’est du très beau cinéma. C’est vrai que c’est assez étonnant et même original, mais bouleversant et magnifique – pour une part terrible aussi…

J’avais hésité car la bande annonce dit bien que c’est une histoire d’amour et d’homosexualité, et je n’avais pas forcément envie de voir cela. Mais la même bande annonce – évidemment – laissait entrevoir aussi combien c’est surtout une histoire originale de deuil à vivre – et même, je crois, de deuils, au pluriel –, et ma curiosité en a été aiguisée, sans même parler de l’aspect esthétique qui se donnait déjà à voir...

Alors oui, c’est étonnant, car on ne sait vraiment si on est dans les souvenirs ou dans une forme de réel, dans le rêve aussi, car tout se superpose et s’entremêle. Mais justement : c’est bien là qu’Adam va trouver la force de s’autoriser à vivre et même le goût de vivre vraiment.

Car ce qui lui arrive est aussi extraordinaire qu’impossible et douloureux, mais tellement important pour ce deuil qu’il n’a jamais vraiment fait : il va retrouver ses parents, décédés plus de 30 ans auparavant – lui avait 12 ans –, ils ont l’âge de ses souvenirs, et ils vont pouvoir se partager ce qui fait ou faisait leur vie, leurs questions, leurs joies aussi ; Adam va leur dire son homosexualité, et voilà un film sur ce que ça vient bouleverser pour des parents, l’acceptation de part et d’autre du regard posé et de ce que ça vient réveiller de leurs, de questions, mais aussi d’autres souvenirs ; et cette vie qui est là, ce qui se joue entre eux, où ils vont arriver à se dire finalement chacun ce « je t’aime » qui change tout. Adam n’est-il pas en train de se réconcilier avec son histoire ?

Et parallèlement il y a aussi ce jeune homme, Harry, ce « voisin » d’immeuble. Leur deux solitudes qui se rencontrent – une solitude amplifiée par ce fait étonnant qu’ils sont les seuls habitants de leur immense immeuble, chacun à des étages différents et très éloignés. Une histoire d’amour naissante, et la vie qui reprend ? Là encore, tout se mêle... Adam semble retrouver goût à la vie… mais la question ne va-t-elle pas se poser de nouveau : rêve, réalité ?

Ce qui va rester de tout cela c’est finalement beaucoup d’émotions, eux, nous, chacun. Et ça c’est réel, car ça nous touche... Alors oui, je trouve très réussi, vraiment, en plus la photographie est magnifique. Pour moi : du très beau cinéma.

Un film d’Andrew Haigh avec Andrew Scott (Adam) et Paul Mescal (Harry) et avec Jamie Bell et Claire Foy (dans le rôle des parents d’Adam).

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