Les insurrections singulières

Les insurrections singulières

Dans ce roman Jeanne Benameur nous fait compagnons d’Antoine, un jeune ouvrier qui a une espèce de rage en lui et qui va décider de tout plaquer.

Sa compagne Karima l’a quitté et il ne s’en remet pas ; il se retrouve chez ses parents, et le voilà qu’il s’interroge sur ce qui donne sens et valeur à la vie… En plus, à l’usine où il travaille – comme son père avant lui – c’est l’heure du combat qui sonne, à cause de la mondialisation et de ses conséquences pour la main d’œuvre toujours trop chère. Mais c’est comme si Antoine se retrouvait décalé de tout et de tous… Et là un horizon nouveau va s’ouvrir, grâce à Marcel et sa passion des livres...

C’est encore* un roman de quête de soi que nous offrait là Jeanne Benameur, il y a déjà 13 ans. Quête de soi et du sens à vivre et à ce qui nous arrive. La question de nos fuites aussi, ou de ce qui oriente nos choix – ou nos non-choix –, et l’appel intérieur à vivre qui vient nous travailler… Et là encore* la mise en mots qui peut ouvrir la porte à un salut possible…

C’est intéressant d’ailleurs de lire en finale de ce livre que cette histoire est le fruit de « cafés de la parole » que notre auteure proposa alors à des ouvriers – dont certains d’Arcelor-Mittal – entre octobre 2005 et novembre 2006. Elle y a été touché, dit-elle, par ce qu’elle a entendu de détresse, de lucidité aussi. Elle s’est promis d’en faire quelque chose. Elle s’est alors documenté à partir de ce qu’elle avait récolté et elle a découvert l’histoire de Jean de Monlevade et celle de cette ville brésilienne qui porte son nom et dans laquelle le groupe Mittal investissait massivement – au détriment des lignes d’ateliers en France. Elle a rassemblé tout cela, elle a fait de sa découverte le « moteur » de son personnage, et, ajoute-t-elle, l’imagination fit alors le reste...

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Jeanne Benameur, Les insurrections singulières, Babel, janvier 2013 (Actes Sud, 2011), 233 pages (format poche), 8€50.

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*/ De Jeanne Benameur j’ai lu récemment – et j’ai vraiment beaucoup aimé – La patience des traces ; et quelques années auparavant je recommandais sur ce même blog son Otages intimes qui m’avait lui aussi bien marqué…

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