On l’attendait, la version éditée du Document final du Synode sur la synodalité avec le texte du pape François lui donnant autorité magistérielle. C’est fait, c’est disponible, aux éditions du Cerf notamment. Et donc je vous en recommande la lecture.
J’ai déjà écrit un post’ sur ce blog, après ma 1ère lecture du texte, et je vous en repartage ici le lien ; j’ai bien envie aussi de vous partager aussi – et donc ci-après – les mots de présentation que j’en ai fait à une rencontre en décembre du du Conseil épiscopal, présentation que j’en ai fait au nom de la petite équipe que mon évêque a mandatée pour ce Synode sur la synodalité et maintenant pour la réception de ce Document ; c’était donc il y a quelques semaines, pour un temps de travail avec le Conseil épiscopal : quelques mots de présentation puis 4 chantiers ou « urgences » pastorales concrètes sur lesquelles il nous semble que nous pouvons avancer déjà dans notre diocèse.
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Pour rappel : ce texte est donc le texte final de l’Assemblée d’octobre dernier, la dernière assemblée synodale de ce processus qui a commencé en 2021.
Et pour rappel aussi : il ne donnera pas lieu à une exhortation post-synodale du pape François qui a choisi et décidé de le promulguer comme étant le texte qui a autorité magistérielle.
Ce Document est en 5 parties précédées d’une introduction qui redit bien (au n°3) que tout ce travail de discernement ecclésial, depuis le début du processus 2021-2024, c’est bien « en vue d’un élan missionnaire renouvelé ». D’ailleurs, si vous allez lire ce document, vous verrez que cette question de la synodalité est très souvent – pour ne pas dire toujours – ordonnée à celle de la mission ; en tout cas on nous rappelle régulièrement que c’est bien ça l’enjeu.
On voit aussi, au fil du texte et des différentes parties, qu’on appelle régulièrement les Églises locales à s’emparer de telle ou telle question, pour avancer concrètement. C’est par exemple le cas au n°9 où l’on peut lire : « Le processus synodal ne s’achève pas avec la fin de l’actuelle assemblée du Synode des évêques, car il comprend la phase de mise en œuvre. (...) Nous demandons à toutes les Églises locales de poursuivre leur chemin quotidien avec une méthodologie synodale de consultation et de discernement, en identifiant des moyens concrets et des parcours de formation pour réaliser une conversion synodale tangible dans les différentes réalités ecclésiales (paroisses, instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique, associations de fidèles, diocèses, conférences épiscopales, regroupements d’Églises, etc.). Il faudra prévoir une évaluation des progrès réalisés en matière de synodalité et de participation de tous les baptisés à la vie de l’Église » (...).
Concrètement, si je reviens au Document et à son plan :
- La 1ère partie « expose les fondements théologiques et spirituels qui éclairent et nourrissent la suite » du Document (citation au n°11).
- La 2ème partie traite de ce qu’elle appelle la conversion des relations au sein de la communauté chrétienne, et le cœur de cette partie c’est tout ce qui concerne les personnes et même la question des charismes, des ministères et des fonctions – au service de la mission, toujours, et donc dans l’écoute des besoins pour la mission aujourd’hui et donc pour la vie de notre Église.
- La 3ème partie ensuite qui est, à mon avis, le cœur du document, en ce qui peut nous concerner très concrètement et au regard du travail qui a été commencé en mars dernier avec l’assemblée qui avait réunie au Sacré-Cœur à la demande de notre évêque : c’est dans cette partie-là que sont développés tout ce qui concerne les processus de discernement et de décision qu’appelle une synodalité effective, c’est aussi dans cette même partie que sont re-précisés les différentes instances de synodalité déjà à notre disposition, avec des pistes très concrètes à travailler qui peuvent nous aider à relire nos pratiques et les fonctionnements de nos instances, et les rajuster voire les transformer ou les vivre autrement.
- La 4ème partie est peut-être celle qui nous concernera le moins directement (même si c’est là qu’on trouve le numéro où on nous parle directement ou explicitement des paroisses : le n°117). Il est encore question de conversion dans ces numéros, cette fois celle des liens (la 2ème partie c’était les relations) ; et là il est question notamment des conférences épiscopales et la question qui se pose d’une plus juste autonomie éventuelle, et il est pas mal question du rôle et du ministère de l’évêque de Rome au service justement de ces liens et de la communion dans l’Église et entre les Églises et Communautés ecclésiales séparées.
- Enfin la 5ème partie dit bien ce qu’elle veut dire : « Former un peuple de disciples missionnaires ». Il y est donc question de formation, formation de tous et formation synodale (se former ensemble, ce qui n’exclut pas d’articuler cela avec les besoins spécifiques de nos missions à chacun). Notez au passage que tout au long du texte il y a des allusions à la formation, même dans les parties précédentes.
De tout cela – pour nous, dans la petite équipe qui essayons de suivre pour le diocèse ces questions de synodalité – il nous semble que se dégagent 4 chantiers pastoraux sur lesquels on peut déjà travailler et avancer en diocèse :
- La question de la formation : (1) non seulement de tous (tous « disciples-missionnaires ») mais aussi une formation à la synodalité, qui soit à la fois spirituelle, missionnaire et canonique ;
- également (2) une formation synodale de nos « agents pastoraux » (futurs diacres et LEMEs en formation mais aussi séminaristes – notamment de 1er cycle puisque dans l’actuelle Ratio ce cycle s’appelle de « Formation du disciple » / le 2d cycle est celui de « Configuration au Christ Pasteur »)
- La question (3) des besoins aujourd’hui pour la mission en termes de ministères et de fonctions, au regard du réel de nos communautés…
Lié à ce chantier là il y a aussi la question canonique de ce qui est déjà possible en terme de ministères et fonctions, pour des laïcs notamment (le Document final y fait par exemple allusion au n°60, le numéro qui parle plus spécifiquement des femmes et dans lequel on peut y lire : « Cette assemblée appelle à mettre pleinement en œuvre tout ce qui est déjà possible quant au rôle des femmes dans le droit en vigueur, en particulier dans les lieux où ces possibilités ne sont pas concrétisées » ; ok et concrètement ?)
- Enfin (4) toutes les questions canoniques de fonctionnements de nos instances et des process (de désignation des membres, de discernement, de prises de décisions et de rendre-compte-relecture). Notez que pour notre diocèse c’est un travail qui avait commencé à s’amorcer en mars dernier avec les remontées de l’Assemblée diocésaine et qui ne demande qu’à se poursuivre…
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Je me permets d’ajouter ici – pour ce post’ – que ce document est à mon avis capital, important à lire et dans ce qu’il permettra de vivre :
- Il y a de vrais enjeux spirituels et ecclésiaux à tout cela et que ce Document final explicite bien – allez lire par exemple les n°43-46 ainsi que le n°82...
- Il en va aussi de la mission et de la participation de tous à la mission, chacun selon nos états de vie et nos fonctions ou ministères, ce que là encore le Document explicite bien et dans lequel il nous interpelle très concrètement – il y a beaucoup de numéros là-dessus, les n°4 et 14 déjà, mais surtout le n°32, les n°58-59, ainsi que le n°66 et le n°141. Il y a aussi des numéros que je trouve intéressants sur l’autorité et le service de cette autorité (par exemple les n°33 et 69-70, le n°92 également)...
- Enfin ce Document est précieux dans ce qu’il expose des process de discernement ecclésial et des instances où cela peut déjà se vivre – voire devrait déjà ce vivre. Je pense notamment aux n°80-85, mais aussi les n°90-93, les n°100-101 et 103-106.
Bonne lecture ! Je me permets d’insister !!
Et pour rappel : le 1er post’ que j’ai écrit sur ce Document final est accessible via ce lien et je signe toujours ce que j’avais alors écrit en première lecture de ce texte.
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Pour une Eglise synodale. Communion, participation, mission, Pape François et la XVIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, Les éditions du Cerf, décembre 2024, 168 pages, 14€90.