Antoine Wauters est l’auteur de plusieurs romans, dont Mahmoud et la montée des eaux que j’avais vraiment beaucoup beaucoup aimé.
Ici le récit semble tout autre. C’est le sien. Livré en fragments. Ce sont des souvenirs et ce sont des pensées qui le traversent. Et là Antoine Wauters se raconte ; et il raconte les siens, la campagne belge et la vie toute simple d’une famille issue de ce monde rural ; il raconte ce qui l’a façonné peu à peu et ce qu’il a toujours été, ce qui fut bon et ce qui était plus difficile ; l’acte d’écriture aussi, et le rapport au monde que cela lui permet de vivre – une sorte de fuite, ou plutôt de refuge, que cela semble être…
Car la question sous-jacente à ce récit, n’est-elle pas celle-ci, que se pose en fait notre auteur : au fond, pourquoi écrire ?
Ça donne un récit assez original et assez touchant. Presqu’à méditer, parfois, plus qu’à lire comme des pages à enfiler. Même si on a envie de savoir la suite ! Mais ici, il s’agirait presque d’égrener un à un ces fragments de souvenirs et ces pensées, et s’arrêter sur l’un ou l’autre qui moins de l’ordre du simple souvenir et plus méditatif ou réflexif... Et ainsi se laisser conduire dans ce qui là se met en mots : l’enfance d’un écrivain, mais son présent aussi, nostalgique ou mélancolique, et parfois même un peu « douloureux », du moins « travaillé » et « questionnant » – je me suis d’ailleurs demandé si finalement ce ne serait-pas une crise de la quarantaine qui là se met en mots, au fil des pages et des pensées ici partagées, bien qu’il semble y avoir toujours eu quelque chose de nostalgique et mélancolique dans le cœur de l’enfant qui nous est ici raconté…
Après, reste une autre question : ce « plus court chemin », quel est-il, et vers quoi ? Celui de l’écriture ? Celui des souvenirs ? Vers soi et vers qui l’on est ou qui l’on a été ? Vers un bonheur que l’on cherche mais qui semble lointain ?
J’ai aimé lire ces pages, tranquillement. Lire ces fragments de vie et de pensée, et ce « besoin » d’écrire, cet élan que ça semble être, ce refuge aussi, peut-être même un enjeu de survie à soi-même… Poser les mots et ce qui vous habite, pour vivre, ou oser vivre… et recueillir la vie qui déjà là se dit, et nous façonne…
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Antoine Wauters, Le plus court chemin, folio, août 2025 (Éditions Verdier, 2023), 257 pages (format poche).