Samedi 1er novembre 2025 - Baptême Augustin V.
Ez 36,24-26 / Ps 22 / Mt 28,18-20
La question quand même, en fait, c’est de se demander à quoi ça sert, finalement, le baptême ? C’est quoi le sens ?
On a entendu quelques mots là-dessus au tout début de la célébration, de ce que vous en attendez, Hugo et Lucie, pour Augustin. Mais cette question c’est bien à chacun de nous d’y répondre ou d’apprendre à y répondre. Et on voit bien dans nos vies qu’en plus ça bouge, ça va s’affermir avec l’expérience de Dieu que nous faisons peu à peu, mais ça peut aussi être « chahuté » par les doutes et les épreuves.
Alors quand même, ça change quoi tout ça ?
Les textes qu’on vient d’entendre, nous donnent quelques éléments de réponses que j’aimerais vous partager – et notamment l’évangile.
Avec ce qu’on vient là d’entendre, on pourrait dire pour commencer que pour Augustin, comme pour tout baptême, nous obéissons déjà à un commandement de Jésus : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, en les baptisant … et en leur apprenant à garder mes commandements ».
L’enjeu, on l’entend bien, c’est de devenir disciples, disciples de Jésus. Et c’est parce que nous le sommes, c’est parce que vous l’êtes déjà, que nous souhaitons cela pour d’autres et donc pour Augustin. Comme un chemin qui s’ouvre. Et parce qu’il y a cette conviction en nous que nous sommes enfants de Dieu, que Dieu veut nous aimer, et que ça peut changer une vie ; que Dieu veut se faire proche de nous, qu’il veut se faire partenaire de notre chemin de vie.
Pourquoi ? Pour nous ouvrir ses promesses de vie et de salut, au cœur de ce que nous aurons à vivre, dans un monde qui est tellement marqué par le mal et la violence. Et ça va nous engager, pour le bien ; ce sera le sens de la renonciation au mal, tout à l’heure, juste avant le baptême lui-même…
Devenir disciples de Jésus, donc. Pour devenir fils et filles de ce Dieu qui veut nous aimer, c’est-à-dire : apprendre à le reconnaître comme un Père tout-aimant, qui veut le meilleur pour nous, si nous le voulons bien ; un Père tout-aimant qui veut pour nous la vie, et même la vie éternelle, la vie en plénitude, la vie plus forte que tout mal et que toute mort, y compris malgré les apparences premières et immédiates qui peuvent nous en faire douter.
Il y a un acte de foi à poser – je ne vous apprends rien. Un acte de confiance en Dieu et en la vie. Qui va changer notre regard sur la vie et sur les évènements. Je le crois en tout cas, et c’est ce qu’on a chanté avec le Psaume (allez le relire)…
Devenir disciples de Jésus, donc… Et se reconnaître peu à peu fils et fils d’un Dieu qui est là, qui veut pour nous le salut, et qui marcher avec nous. Et ça on va l’apprendre peu à peu. Et on le sait bien, ça commence par apprendre à découvrir qui est Dieu, comment il se révèle, et qu’est-ce qu’il veut nous proposer comme chemin de vie, ces fameux commandements dont parle Jésus qui se résument ou s’accomplissent dans le double commandement de l’amour : aimer Dieu et aimer notre prochain comme nous-mêmes, et même : nous aimer les uns les autres comme lui, Jésus, nous a aimés – ça on le retrouve en Jn 15, c’était l’évangile de votre mariage, Hugo et Lucie ; tout est lié*…
Il s’agit donc d’aimer, comme Jésus nous le révèle, aimer comme Dieu veut nous aimer. Et donc apprendre cela de Jésus, apprendre à voir dans les Écritures comment ça se passe. C’est l’enjeu de la catéchèse, l’éducation chrétienne à laquelle on s’engage au baptême d’un bébé, mais pour nous qui ne sommes plus des bébés c’est l’enjeu de cette écoute patiente de la Parole de Dieu, messe après messe et dans toutes célébrations comme aujourd’hui.
Pour devenir vraiment fils et filles de Dieu, petit à petit, devenir toujours plus disciples de Jésus. Et ça c’est le chemin d’une vie…
Ceci étant, pourquoi baptiser avec de l’eau ? Peut-être on peut juste se rappeler que l’eau c’est le symbole de la vie et même de la naissance qui vient – je pense à la fameuse « poche des eaux » – mais paradoxalement l’eau c’est aussi l’eau de la mort, celle de la noyade…
Je le redis : l’enjeu de notre vie avec Dieu c’est d’apprendre à ressusciter, à croire que la vie est plus forte que tout mal, malgré tout, c’est croire que le mal n’a pas et n’aura pas le dernier mot de notre vie, que la vie peut être re-suscitée au cœur de toute épreuve. Et ça, cette Bonne nouvelle, il nous faut y naître peu à peu.
Et on sait bien que ça résiste parfois en nous. Pour le croire vraiment, et pour en vivre, en être témoins. Concrètement c’est la question du pardon et c’est celle de la charité en actes. Le vivre vraiment et le vouloir pour tous. Vraiment.
Alors oui, ça résiste en nous, on reste pécheurs. Et l’eau du baptême c’est bien l’eau qui lave et qui purifie, comme nous le rappelait la 1ère lecture avec cette prophétie d’Ézéchiel. A la fois c’est acquis, le péché n’aura plus le dernier mot de nos vies, mais en même temps Dieu nous laisse libre et nous avons besoin de lui demander de nous y aider, de nous aider à vivre mieux ses appels, et à le vouloir. Nous avons besoin de lui demander qu’il vienne changer nos cœurs, les façonner, et on a besoin de s’y aider les uns les autres, peu à peu. Et là encore, c’est un chemin, on le sait bien, le baptême c’est du coup tout ce que ça ouvre, c’est ce que nous en ferons.
Alors faut y aller, faut se jeter à l’eau – c’est ce que veut dire le mot « baptême », en grec : plonger. Alors osons demander à Dieu de porter avec nous tout ce qu’il y a à vivre, qui est parfois difficile, et osons vivre enfants de Dieu, en disciples de Jésus, appelés à croire en sa présence avec nous pour tout-jours, et tout autant appelés à être sa présence en actes aujourd’hui – à notre petite mesure mais toute notre mesure.
Comment ? On y revient : en vivant ces commandements dont parle Jésus, c’est-à-dire en vivant l’appel à aimer et en choisissant de vivre pour le bien – le vouloir en tout cas…
Alors je ne sais pas ce que nous vivons chacun de notre baptême, comment nous sommes concrètement disciples de Jésus dans la vie de tous les jours ; et je ne sais pas ce que ces mots viennent réveiller peut-être en vous… Juste, on va prendre quelques instants de silence, pour recueillir ce qui éveille peut-être en nous, ce qui nous parle, et pourquoi pas la prière que ça nous inspire. Et bien simplement on le dépose auprès du Seigneur, dans le silence de nos cœurs. Amen.
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*/ Pour ceux qui veulent, pour (re)lire l’homélie de mariage de Lucie et Hugo : c’est en cliquant là !