Dans la même collection, j’avais lu et recommandé Il a donné pouvoir à ses serviteurs. Cing regards de femmes sur le gouvernement dans l’Eglise. C’était entre les deux sessions romaines du Synode sur la synodalité.
Attentes déçues ? Voilà maintenant Pourquoi rester dans l’Eglise ? Six regards de femmes. De fait, sur la question de la place des femmes dans les instances de responsabilités, certain(e)s trouvent qu’on aurait pu aller plus loins, voire qu’on aurait dû. Mais cette question – ce titre – il se pose plus largement en fait ces dernières années déjà, et notamment avec la crise des abus et tout le travail de la CIASE.
Ici, c’est encore des soeurs Xavières qui prennent la parole et qui invitent l’une ou l’autre à se joindre à elles. Et c’est très bon. Notamment la contribution d’Isabelle de La Garanderie, excellente, sur le lien entre le Christ et l’Eglise – avec notamment le commentaire d’un texte très intéressant du P. Henri de Lubac.
Car c’est bien ce qui revient dans chacune des contributions : rester, à cause du Christ et pour le Christ. Mais pourquoi s’embêter alors avec l’institution ? Parce que l’expérience parle (et de fait ce ne sont pas ici des théories abstraites, mais de la théologie expérientielle et incarnée) : c’est en Eglise qu’elles ont découvert, connu et appris à aimer le Christ, c’est en Eglise qu’elles ont reçu sa Parole de Vie, et c’est dans la rencontre de frères et de soeurs que tout cela s’incarne et que le chemin se creuse en chacun de nous. Alors oui, pourquoi ? à cause du Christ, pour lui, avec lui, par lui, et pour marcher encore, dans le soutien mutuel et fraternel, pour l’annoncer aussi. Du coup, en Eglise. Mais une Eglise qui fasse mieux place à celles et ceux qui ne sont pas là – ou plus là –, qui n’osent pas forcément, qui ne se sentent pas dans les « cases », mais qui sont pourtant les destinataires du salut !
La contribution d’Isabelle de La Garanderie, je le redis, est vraiment très intéressante. Et j’ai également aimé le témoignage de Christine Danel sur le Synode sur la synodalité, le récit qu’elle en fait, les attentes mais aussi ce qui a été irrémédiablement mis en route. Et puis je trouve assez stimulante aussi la contribution d’Agata Zielinski sur la prise en compte de nos émotions – notamment la colère, ici – comme force de discernement, et donc pour entendre ce qui en nous se dit – de nous, de nos aspirations et de nos attentes – mais aussi pour discerner alors qu’en faire et comment en faire une force de vie au service des autres et donc de l’Eglise et en Eglise.
Enfin la contribution d’Anne-Cathy Graber, protestante, comme déléguée fraternelle au Synode sur la synodalité, et le regard qu’elle nous propose sur cet évènement et sur notre Eglise, est elle aussi intéressante et pleine d’espérance.
C’est finalement la contribution biblique de Joëlle Ferry qui m’aura le moins rejoint, même si c’est sans doute très bien, je ne sais trop ; et encore moins la préface – la première des deux prises de parole masculines qui ouvrent le volume. La contribution de Geneviève Comeau m’aura elle aussi un peu moins marqué que les autres, même si c’était bien et notamment quelques lignes lumineuses sur l’espérance et d’autres sur l’appartenance ecclésiale et le devenir-chrétien comme chemin. Et enfin l’ouverture finale d’Anne-Marie Pelletier, qui est une très belle ressaisie de tout ce qui précède.
Voilà... si ça peut donner envie de lire ces pages dont le titre vous rebutait peut-être ou vous faisait peut-être hésiter – c’était mon cas, mais forcément : je suis un homme et en plus de l’institution !
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Pourquoi rester dans l’Église ? Six regards de femmes, La Xavière, éditions Emmanuel, août 2025, 163 pages, 19€.