Homélie mardi 12 février 2019

Mardi de la 5ème semaine du Temps Ordinaire

Carmel St Joseph (Bruxelles)

Gn 1,20 – 2,44 / Ps 8 / Mc 7,1-13

 

Dans ces lectures de ce jour, deux choses m’ont plus particulièrement marqué sur lesquelles j’aimerais m’arrêter un peu avec vous.

Tout d’abord dans la 1ère lecture, ce que j’ai envie d’appeler la « bonté originelle » de Dieu, la « bonté originelle » du projet de Dieu... Nous le connaissons bien ce récit de la création dont on a entendu la seconde partie – le reste c’était hier – et nous connaissons bien ce leitmotiv du texte : « Dieu vit que cela était bon »… La bonté est partout. Avant le fameux péché dit « originel » ; et même avant que le mal ne se faufile tel le serpent, avant que le mal n’emplisse la terre et se propage de partout jusqu’à devenir à la toute fin de nos bibles, dans le livre de l’Apocalypse, un dragon, c’est-à-dire un immense serpent énorme et terrifiant…

La bonté est présente de toute part dans ce texte, elle est ce qui caractérise le projet de Dieu. Elle est là. Dieu fait toute chose bonne, ce que le mal viendra justement ébranler dans nos vies, il s’immiscera comme un doute sur la bonté et l’amour de Dieu.

Voilà un défi spirituel pour notre vie à chacun. Ne pas oublier cette « bonté originelle », première, toujours présente même malgré les apparences parfois. Et pour cela, apprendre tout-jour, chaque jour, à faire mémoire et à rendre grâce comme dans le psaume de ce qui est de l’ordre du bon et de beau qui a traversé notre vie et notre journée. Être, et apprendre à être, dans la louange du quotidien pour ce qui est de l’ordre de la vie qui nous traverse, parfois presqu’imperceptible mais bien là quand même, dans telle parole de réconfort, dans telle présence qui éclaire le chemin à vivre, dans telle émotion ressentie, dans la paix d’un silence habité, dans telle main tendue, que sais-je encore…

Rendre grâce. Tel Dieu au 7ème jour se reposant en admirant sa création. Et donc, nous aussi – vous le savez et vous le vivez sans doute bien mieux que moi, mes sœurs –, nous arrêter dans le silence de la prière, nous poser pour relire notre vie, pour la présenter simplement au Seigneur, pour lui demander et pour recevoir sa lumière, sa présence, son amour, lui demander et recevoir la paix et la joie intérieure qui nous donnera de goûter déjà au salut que Dieu veut pour nous. Car là est la promesse de vie, sa bonté.

Voilà qui rejoint la 2ème chose qui m’a frappé dans ces textes et qui m’a tout particulièrement parlé aussi : ce verset d’Isaïe que Jésus cite dans l’évangile : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi »… C’est un risque, qui nous guette tous. Dès que nous brandissons les doctrine ou la Loi avant d’aimer, avant de regarder l’autre avec les yeux mêmes de Dieu, des yeux qui voient d’abord la bonté et la beauté, parfois très enfouie mais présente dans le cœur de tout homme puisque nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, comme nous l’a rappelé la 1ère lecture.

Là est le travail de la prière, le laisser-faire auquel nous devons nous livrer, dans le silence et l’humble présence persévérante. Vous le savez mieux que moi. Laisser Dieu façonner nos cœurs pour que nos lèvres soient celles de Dieu lui-même, celles de son amour miséricordieux qui veut d’abord et avant tout consoler, pardonner et donner espérance, pour reprendre des mots du pape François. Il s’agit ainsi d’honorer Dieu, de l’aimer, en aimant l’autre tel qu’il est, là où il en est, avec un regard aimant, un regard de bonté, un regard sauveur, qui n’enferme pas ni ne juge mais qui croit qu’en chacun il y a du bon et du beau à laisser grandir.

Et comme dit encore le pape François, avec ces 4 verbes qui structurent son exhortation apostolique Amoris Laetitia et plus largement tout son agir pastoral [*], il s’agira toujours (1) d’accueillir l’autre qui est là, (2) de l’accompagner sur son chemin de vie, pour (3) discerner ensemble comment avancer et comment répondre aux appels de la vie et donc de Dieu, pour trouver, enfin, (4) comment l’intégrer dans notre communauté, qu’elle soit humaine ou ecclésiale.  Accueilliraccompagnerdiscernerintégrer.

Le Christ s’est donné jusqu’au bout et par amour au nom de tout cela, au nom de ce Dieu qui aime et pardonne, qui console et qui prend soin, ce Dieu qui veut sauver tous les hommes. Et c’est dès aujourd’hui, pas seulement demain dans un au-delà que nous espérons.

C’est ce que nous célébrons dans le mystère de l’eucharistie, où nous sommes appelés à devenir ce que nous allons recevoir, le Corps du Christ, sa présence en ce monde aujourd’hui, avec la force de l’Esprit Saint. Amen.

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[*] Cf. Politique et société avec Dominique Wolton.

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