Homélie mardi 7 mars 2023

Mardi de la 2ème semaine de Carême

[Carmel ND de Surieu]

Is 1,10.16-20 / Ps 49 (50) / Mt 23,1-12

Un seul Père, un seul maître… Et cet appel que nous connaissons bien à s’abaisser. Comme le Christ.

Un seul Père, c’est donc dire que nous sommes tous frères, frères et sœurs en notre commune humanité. Et un seul maître, c’est-à-dire tous disciples, tous apprenants sur ce chemin de vie que Dieu nous propose. L’enjeu étant pour nous tous, et notamment pour nous qui déjà connaissons un peu le Père et qui déjà voulons suivre le Christ, l’enjeu étant de nous laisser conduire et enseigner par le seul maître.

Et pour cela, nous le savons, nous sommes invités à entrer dans son mouvement d’abaissement. Ce sera celui du lavement des pieds, c’est celui de la Croix, mais c’est en fait celui de toute son incarnation. S’abaisser, ne pas se croire ou se vouloir au-dessus les uns des autres, mais toujours les uns avec les autres, les uns au service des autres. Comme Dieu qui s’est fait l’un de nous, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous.

Cet abaissement, qui n’est pas une soumission bête et servile mais une attitude spirituelle dans laquelle entrer pour y découvrir un chemin de vie, ce juste abaissement dans l’amour est sans doute un des enjeux et un défi de toute vie communautaire. Il est aussi un appel pour toute notre Église en cette marche synodale à laquelle nous réappelle le pape François. Une Église où chacun puisse trouver sa place, quelle que soit son histoire de vie, une Église dans laquelle nous sommes appelés pour servir la rencontre avec le Christ, quelle que soit l’histoire de vie de l’autre qui est là.

Je me permets d’insister car le Christ a bien dit qu’il venait pour les malades et les pécheurs et non pas pour les justes et les bien portants…

Voilà qui rejoint notre 1^ère lecture de ce jour et cet appel que Dieu nous adresse, notamment son « Venez et discutons ».

L’enjeu pour nous tous il est bien là : venir au Seigneur. Et pour nous qui essayons déjà de le suivre : revenir à lui, comme nous disait le prophète Joël au jour du mercredi des cendres. Venir et revenir au Seigneur.

Et pour nous laisser guérir par lui, pour nous laisser conduire par lui, pour nous laisser sauver par le Père, il s’agira tout-jours d’apprendre à faire la vérité sur le réel de notre vie et notamment le réel de notre histoire blessée et défigurée par le mal et le péché. Notre histoire et notre marche au fil des jours…

« Venez et discutons » dit le Seigneur. Cette Parole nous est adressée à nous, ici ce matin, et donc à vous aussi mes sœurs, comme à moi, appel peut-être à réintensifier déjà votre désir et votre fidélité à l’oraison, ce « lieu » où nous pouvons venir au Seigneur et « discuter » avec lui comme un ami parle à un Ami ou comme l’aimée parle à son Bien-aimé. Ce « lieu » aussi où parfois nous ne sommes pas toujours très présents, habités de mille et un soucis ou rêveries ou distractions. Ce « lieu » aussi où il nous arrive, nous le savons bien, d’être mis face à nos difficultés à suivre vraiment le Christ et à l’aimer, y compris à aimer celles et ceux qui nous sont proches…

« Venez et discutons » dit le Seigneur. C’est bien l’enjeu de notre chemin de carême, pour nous laisser conduire et enseigner par le seul maître. C’est bien l’enjeu de toute notre vie, pour devenir miséricordieux comme le Père est miséricordieux – l’être de cette miséricorde, cet amour sauveur, dont notre monde a tant besoin.

Oui, « Venez et discutons », nous dit le Seigneur…

Je terminerai ces mots en ajoutant juste que c’est encore l’enjeu du sacrement du pardon Je ne développe pas plus sauf à dire qu’il s’agit là de confesser et célébrer la miséricorde du Père, et que la mise en mots de nos péchés n’est là que pour nous y aider : nous aider à voir le réel de nos vies et nous donner d’y mendier la force de Dieu pour qu’il nous relève par son amour au cœur de nos chutes et rechutes.

C’est ce que le Christ nous révèle et nous enseigne. C’est pour cela qu’il s’est offert au Père, par amour pour nous. Et c’est bien ce que nous célébrons ce matin encore en cette eucharistie. Amen.