Homélie Saint Luc 18 octobre 2023

Mercredi 18 octobre 2023 - Saint Luc

2Tm 4,10-17b / Ps 144 (145) / Lc 10,1-9

 

Je ne sais pas trop ce qui a poussé au choix de cette page d’évangile pour fêter Saint Luc, si ce n’est évidemment la question de la mission, de l’annonce de l’évangile. Mais peut-être est-ce un choix lié à celui de la 1ère lecture, car la finale de cette 1ère lecture est pour une part comme une illustration ou une résonance de ce qu’on vient d’entendre.

La 1ère lecture, elle, a été très clairement choisie pour sa mention explicite de Saint Luc, compagnon de saint Paul.

Et nous les imaginons, ici, tous les deux sur les routes, pour annoncer l’Évangile. Tels deux envoyés de notre évangile – deux par deux, dit Jésus.

Envoyés deux par deux, car l’annonce de l’Évangile ne sera jamais mon affaire à moi. L’Évangile sera toujours à dire à plusieurs voix, au travers du témoignage jamais à réduire à ma seule expérience de foi ni à ma seule compréhension des Écritures à moi, mais dans la mise en résonance de ce que la Parole vient travailler en nos vies à chacun.

Envoyés deux par deux aussi parce qu’à deux on va se soutenir, s’éclairer aussi sur ce qu’il convient de dire ou de faire, et apprendre à vivre très concrètement l’appel à nous aimer l’un l’autre comme le Christ nous a aimés. Ça va sans dire mais ça va mieux en le disant : l’appel à aimer et à aimer son prochain ne peut se vivre seul, il commence avec cet autre qui m’est donné comme frère, comme sœur.

Je reviens à Paul et Luc, ou plutôt à ce que Paul nous dit de ce qu’il a vécu et qui vient, je trouve, illustrer notre page d’évangile. La mission est difficile, prévient Jésus, et Paul parle de tous ceux qui l’ont abandonné.

Pour la mission, dit encore, Jésus, ne rien emporter, c’est-à-dire s’en remettre à ce qui sera, ce qui sera donné et à celles et ceux qui vont être rencontrés. S’en remettre à la Providence, et y être obligé. Être obligé de faire confiance à Dieu en ce qui va être donné et ce qu’il va permettre sur la route. N’avoir pour seule richesse ou seule sécurité que cet acte de foi à poser : Dieu est avec nous, et Dieu pourvoira, grâce aux uns et aux autres.

Voilà une vraie forme de pauvreté évangélique mais aussi de liberté, en fait.

Cette histoire de Providence, en tout cas de foi en l’aide et la présence concrète de Dieu avec nous pour la mission, elle est présente dans ce que nous a dit Paul dans la 1ère lecture quand il nous dit : « Le Seigneur, lui, m’a assisté ».

Comment, on ne le sait pas ; sans doute en gardant courage et dans la persévérance ; sans doute en trouvant les mots, aussi, pour continuer l’annonce de l’Évangile ; sans doute encore dans tel ou tel, rencontrés, et qui lui ont redonné confiance en sa mission et un peu de force bien concrète dans tel repas offert et peut-être même en lui donnant de l’amitié. Sans doute on a pris soin de lui.

« Le Seigneur (…) m’a assisté », dit Paul, et il ajoute : « Il m’a rempli de force pour que (…) la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent ».

C’est bien l’enjeu, c’est bien le but. Et voilà pourquoi il faut aujourd’hui encore des ouvriers pour la moisson, des ouvriers pour la mission.

Et voilà pourquoi, aujourd’hui encore, il nous faut prier et demander au Seigneur les vocations dont nous avons besoin, couples, consacré-es, prêtres et diacres, des missionnaires de l’Évangile dans les familles, dans les lieux d’engagements associatifs et sociaux, dans le monde du travail, et des missionnaires de l’Évangile qui l’annoncent par toute leur vie, en paroles et en actes, une vie qui fasse signe.

Alors à l’invitation du Christ lui-même, ce matin encore, prions, prions pour la mission, prions pour les vocations, et prions pour notre Église, qu’elle soit non seulement synodale – c’est-à-dire une Église qui fasse route vers et avec les uns et les autres, une Église où nous apprenions toujours mieux à marcher ensemble – une Église synodale donc, mais surtout missionnaire – parce que si j’ose cette parenthèse d’actualité ecclésiale : la synodalité ça ne doit être pas un but ou un en-soi, ni d’abord une question de gouvernance, la synodalité doit être au service de la mission.

Alors prions. Et déposons tout ce qui nous vient, tout ce qui nous habite, en cette eucharistie, cette eucharistie où le Seigneur vient lui-même refaire nos forces et nous appeler tout-jours et encore à devenir ce que nous allons recevoir : le Corps du Christ – et donc sa voix et sa présence qui veut rejoindre et guérir, prendre soin des malades et de tous ceux qui en ont besoin ; sa voix et sa présence qui veut sauver et relever. Amen.

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L’illustration de cette publication : Les Pèlerins d’Emmaüs, Tony Castro (Brésil).

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