Voilà une petite lecture qui m’aura autant intéressé que laissé un peu songeur. À la fois j’ai bien aimé et à la fois j’ai pourtant eu un peu de mal.
J’ai bien aimé, parce que c’est intéressant, justement, et c’est assez expérientiel – par moments en tout cas. On part d’ailleurs d’une question de son fils qui a travaillé notre auteure et qui donne cette longue réponse.
Et justement !! C’est long comme réponse, même si le livre n’est pas gros. Et c’est au final assez philosophique, un peu théologique, en tout cas très réflexif, et du coup pas si simple à lire. Faut s’accrocher un peu !
Si la question de départ se pose pour le fils de Marion Muller-Colard c’est parce qu’il est, comme elle, un angoissé existentiel, et qu’il voit bien que le fait de croire ne vient pas sauver sa mère en ce questionnement-là qui l’habite, peut-être même la paralyse un peu parfois. Alors qu’elle est croyante – elle est théologienne, protestante, et elle a été aumônier d’hôpital. Sa vie n’en semble pas plus apaisée profondément, alors ça sert à quoi de croire en Dieu et au salut ?!
Et de fait c’est une question qui peut se poser à nous tous : non seulement qu’est-ce que ça change, de croire, mais du coup plus fondamentalement aussi : qu’est-ce que croire, en fait ?
Croire, lira-t-on, peut relever d’une « décision », mais aussi d’un « savoir croire », ou encore d'un « pari » (ça m’arrive de parler de « pari de confiance »)...
Certes, nous confiera Marion Muller-Colard, croire ne l’a pas sauvée de cette angoisse existentielle qui l’habite, mais elle osera dire pourtant que croire a empêché en elle – ou pour elle – le désespoir (cf. p. 97 ss.). Croire a ouvert un horizon d’espérance. L’angoisse n’est pas devenu ce désespoir sur lequel elle viendrait buter constamment ou qui la paralyserait à vivre, mais au travers de cette angoisse un horizon peut quand même s’ouvrir ou s’envisager. Croire à plus loin que son angoisse, croire qu’il y a possibilité à un plus-loin que cette angoisse, et ne pas être submergé alors par le désespoir, ne pas y « succomber »...
Croire, dira-t-elle alors, « ça change l’incertitude en opportunité » (p. 102)…
Avec mes mots à moi et ma petite expérience, je disais au soir de Pâques, cette année, que la foi en la résurrection et la joie pascale ne vont pas changer le réel du quotidien avec ses questions, ses épreuves, mais ce qui peut malgré tout être changé, ce qui là est permis, c’est un regard autre sur ce qui nous arrive, sur la traversée à vivre… Je me permets de vous inviter à aller (re)lire cette homélie (en cliquant sur ces mots), pour qui voudrait et sans prétention à l’autre que partager mon propre questionnement, moins réflexif et philosophique que celui de ce petit livre.
Voilà en tout cas une petite lecture spi intéressante que ces pages de Marion Muller-Colard. Intéressantes mais un peu ardues à lire, en tout cas un peu denses – je me permets de le redire. Voyez si ça vous tente, mais soyez sûrs qu’on ne perd pas son temps, ni la se poser ces questions-là ni à en lire une telle réponse, pour qui oserait s’y lancer tranquillement…
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Marion Muller-Colard, Croire. Qu’est-ce que ça change ?, Labor et Fides, janvier 2025, 107 pages (format poche), 10€.
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De Marion Muller-Colard je recommande toujours et tout particulièrement ces deux livres : L’Autre Dieu et La vie funambule (en cliquant sur le titre vous retrouvez ce que j’en partageais alors).