19 Novembre 2024
Les mots de ce titre m’avaient déjà marqué quand j’ai lu le 1er livre d’Anne-Dauphine Julliand, Deux petits pas sur le sable mouillé. Car ils disent une telle vérité de vie, un tel défi aussi, au cœur de ce que cette famille a eu à vivre et à traverser…
Comme elle l’écrit d’ailleurs, ce livre n’aurait pas dû voir le jour. Ils avaient déjà eu leur lot, avec ces deux enfants déjà et cette maladie qui les avait emportés. Mais voilà, pour Gaspard, leur aîné, vivre fut trop difficile et il s’est donné la mort la veille de ses 20 ans. Terrible. Une épreuve de plus.
Comment vivre un tel deuil, encore ? Comment traverser cette nouvelle épreuve, encore ? Ajouter de la vie aux jours ; apprendre encore, essayer, s’y aider les uns les autres qui restent : son mari Loïc, leur fils Arthur et elle. Les amis de Gaspard aussi… et les souvenirs plein de vie…
Alors Anne-Dauphine Julliand raconte, par petites touches, au fil des souvenirs aussi et des émotions qui la gagnent. On finit par pleurer avec elle mais aussi à rendre grâce de la vie qui est là, malgré tout, et de la capacité à choisir d’être de ce côté là, du côté de la vie, aussi fragile soit-elle.
C’est finalement très beau qui nous est ici partagé : la vie telle qu’elle est, douloureuse et merveilleuse ; la vie telle qu’elle est, avec ses larmes mais aussi ce sourire qui peut quand même ressurgir et illuminer un peu un quotidien tellement sombre au premier regard...
Anne-Dauphine Julliand va réapprendre à mettre un peu de couleur dans sa vie. Et jusque pour ce livre lui-même, avec une pointe de bleu pour les titres et telle ou telle phrase mise en exergue. C’est discret mais c’est bien là, bien visible. Et ça me faisait penser à ce livre de Martin Steffens : La vie en bleu – il n’y a sans doute pas de rapport mais ça s’est comme imposé à moi…
En tout cas : on pleure, on sourit aussi, au fil des pages. Et quand on referme ce livre une chose s’impose : se taire, écouter en soi, et recueillir ce qui est là et qui nous vient. Ce pourrait être telle une prière… J’ai d’ailleurs été étonné, sachant un peu la foi de notre auteure – leur mot d’accueil pour le messe de funérailles de Gaspard avait pas mal tourné alors sur les réseaux sociaux –, qu’il n’y en ait aucune allusion en ces pages ; mais peut-être cette question est-elle trop intime pour elle, je ne sais… et je ne sais comment ça joue dans leur chemin familial à vivre un jour après l’autre – car là est l’enjeu…
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Anne-Dauphine Julliand, Ajouter de la vie aux jours, Les Arènes, septembre 2024, 141 pages, 18€.
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D’Anne-Dauphine Julliand, vous pouvez retrouver en cliquant ici ce que j’écrivais alors de son premier livre Deux petits pas sur le sable mouillé ; vous retrouvez également via ce lien quelques lignes sur son film documentaire Et les mistrals gagnants ; enfin vous accédez par ici à ce que je publiais après ma lecture de son roman Jules-César. Pour celles et ceux qui veulent...